Pays minier connu pour son nickel, mais où il n'y a pas que le nickel
La Nouvelle-Calédonie est connue pour l'importance de ses ressources
de nickel , mais avant de découvrir et exploiter ce métal
il y a eu l'or trouvé dès 1863, puis le cuivre du Diahot. Dès
le début de la colonisation des aventuriers, des prospecteurs ont cherché
l'or, puis les autres métaux. La Grande Terre est un pays quasi vide,
montagneux avec des forêts et des maquis difficiles à pénétrer
et pourtant, partout on retrouve les traces des anciens prospecteurs et mineurs;
tranchées, puits, laveries, voies ferrées. Aucun indice minéralisé
affleurant ne leur a échappé. Ont été découvertes
ainsi et exploitées les nombreuses mines de chrome, surtout la Tiébaghi
qui a été en son temps la plus riche du monde. Les pionniers
et les mineurs ont aussi exploité le cobalt, le charbon, du fer, du
manganèse. Ils ont même recherché le pétrole. Des
fortunes se sont faites et défaites, des générations
de calédoniens ont rêvé et le rêve continue. Bien
des habitants de la brousse ont été ou sont encore occasionnellement
des mineurs ou des prospecteurs. Des familles se transmettent toujours des
concessions minières de génération en génération.
Qui n'a pas au moins un parent qui travaille ou a travaillé "sur
mine" ou "au nickel" (la SLN). La mine et la métallurgie
du nickel apportent directement ou indirectement des ressources à plus
de 10% de la population. En brousse la mine est souvent le principal pourvoyeur
d'emplois.
Aujourd'hui encore des sociétés recherchent l'or, le chrome,
le platine et, encore, le pétrole.
Ce territoire minier remarquablement riche c'est la Grande Terre. Elle fait
moins de 17000 km2.
La mine imprègne profondément la culture calédonienne.
L'or, le cuivre, le plomb et l'argent
L'or a été trouvé pour la première fois en 1863 dans le Nord, à Pouébo, mais la découverte la plus importante fut faite à Fern Hill près de Ouégoa en 1870. Ce gisement fut exploité de 1873 à 1900 et a produit 212 kg d'or.
D'autres prospects ont suscité des espoirs sans lendemains; Galarino de 1877 à 79 (où a été découverte la plus grosse pépite jamais trouvée en Calédonie - 40g), les "Grosses gouttes" près de St. Louis, 'Queyras" (La Foa), "Edison" (Pouembout), "Honfleur" (¨Poya). L'or existe aussi à Nakéty et dans diverses autres localités mais sans concentrations économiques.
Le cuivre est découvert en 1864 - 1865 dans la basse vallée du Diahot, "Pilou -Nemou", "Mérétrice" (plomb argentifère) et de nombreux autres indices. Près d'Ouégoa en 1872 quatre prospecteurs anglais et français découvrent la "Balade". Dans le même vallon du ruisseau de Balade on découvrit aussi la "Bruat' et la "Murat"..Sur le versant Néhoué la mine "Ao", célèbre pour son azurite, est découverte en 1887.
L'exploitation porta pour l'essentiel sur Balade, Bruat, Pilou-Nemou et Mérétrice. Des usines de fusion furent édifiées à Pam, à Dilah et Tao. C'est une histoire tumultueuse qui débute en 1873 et s'achève avec la déconfiture de La Société Minière du Diahot en 1931. Cette histoire est dominée jusqu'à 1904 par la figure marquante de John Higginson qui fit fortune dans ces mines et dans le nickel malgré quelques revers. Au total la production aura été de 6 000 tonnes de cuivre métal à Balade, Bruat, Murat et d'environ 200 tonnes de mattes à Pilou.
Le chrome
Le chrome est contenu sous forme oxydée dans un minéral appelé chromite qui constitue le minerai de chrome. Dès 1884 de la chromite fut exploitée au Mont Dore et à Nakéty.
Le gisement de Tiébaghi (au nord de Koumac) fut découvert en 1877. La production débuta en 1902 d'abord à ciel ouvert jusqu'à 1926, puis en mine souterraine. L'exploitation cessa en 1963. Elle fut reprise en 1980 et s'acheva en 1990 avec l'épuisement du gisement. Au total Tiébaghi a produit 3,3 millions de tonnes d'une chromite massive extrèmement riche (elle atteignait 54% de Cr2O3). Le dessin montre le gisement de chromite de Tiébaghi. Il comportait deux amas. Sur cette coupe faite vers 1960 on remarque que le gisement est encore ouvert en profondeur. Cette partie profonde sera exploitée et épuisée dans la décennie 1980
D'autres gisements, mais plus petits, furent découverts dans ce même massif de Tiébaghi particulièrement riche en chrome. Ils s'appellent Chagrin, Fantoche, Vieille Montagne, Bellacoscia.
Dans le grand massif du Sud existent aussi de nombreux petits gisements de chromite. Beaucoup ont été exploités. Ce sont Marais Kiki, Georges Pile, Alice-Louise, la Madeleine, etc. Dans le bassin de la rivière des Pirogues d'importants dépots de latérite chromifère ont été prospectés par le BRGM en 1962 et 1975. Ces travaux ont démontré des réserves importantes de l'ordre de grandeur de celles de Tiébaghi, mais la teneur en chrome y est plus faible et le coût d'exploitation serait trop élevés aux cours actuels de ce type de chromite à relativement basse teneur.
Fer, manganèse, charbon
Le fer de la cuirasse latéritique a été exploité à Goro (extrême sud de la Grande Terre) de 1938 à 1941 il était destiné au Japon. Il fut ensuite exploité dans la baie de Prony de 1955 à la fin des années 1960. Il était alors destiné à l'Australie. Ce type de minerai n'intéresse plus les métallurgistes aujourd'hui.
Quelques petits amas d'oxydes de manganèse ont été exploités dans les basaltes de la côte Ouest entre 1918 et 1922 puis de 1949 à 1953. La production totale est d'environ 60 000 tonnes
Du charbon existe aussi sur la Grande Terre mais ce sont des petits gisements formés de couches peu épaisses, discontinues, trop fortement plissées et de qualité irrégulière et généralement médiocre. Des tentatives d'extraction furent faites néanmoins dans la Nondoué ( vallée de Dumbéa) en 1903. Le charbon a aussi été prospecté dans la région de Moindou.
Le cobalt, compagnon du nickel, enfin valorisé
Le cobalt est associé au nickel dans les latérites des massifs miniers. Il y est notamment concentré dans des dépots d'asbolane qui forment des trainées noirâtres dans les latérites ou, à la base de celles-ci, des encroûtements noir-bleutés. Ces concentrations furent exploitées depuis les années 1890 jusqu'au début du siècle suivant de façon artisanale par les "cobaleurs" qui ouvraient d'étroites galeries pour les extraire. Jusqu'à 1909 le territoire fut le quasi unique producteur mondial de ce métal. A partir de cette date la production canadienne fit chuter les prix ce qui arrêta l'exploitation en Nouvelle-Calédonie.
Il y a aussi du cobalt dans les minerais de nickel garniéritiques mais en quantités moindres et il n'y est pas ou peu valorisé.
Traitant les latérites, la récente usine hydrométallurgique de Goro extrait le cobalt contenu dans ces minerais comme sous produit du nickel (près d'une tonne de cobalt pour 10 tonnes de nickel). La production devrait atteindre 5000 tonnes par an.
Le cobalt vaut 3 à 4 fois le prix du nickel et a aujourd'hui un débouché important dans les batteries Li-ion.
Les espoirs déçus du pétrole
Le pétrole fut recherché au Ouen Toro dans la presqu'île de Nouméa de 1907 à 1911 (forage de 750m). Des forages furent faits également à Koumac de 1913 à 1921. Deux nouveaux sondages sont faits à Gouaro (région de Bourail) en 1951 dont un de 600m. Tous ces sondages sont stériles. Et pourtant récemment (1999-2000) un profond sondage de plus de 1600 m a été à nouveau réalisé dans la structure de Gouaro, sans meilleur résultat. Il montre toutefois l'existence de roches mères.
L'espoir et les recherches portent maintenant sur le sous-sol marin de la zone économique . Des structures favorables mais non encore explorées y ont été localisées dans le bassin de Nouvelle-Calédonie et le bassin de Fairway, sous une tranche d'eau de 2500 m.
et même le platine
Du platine existe dans certaines roches des massifs miniers du sud. Des recherches ont été faites au début de la décennie 1990 mais aucun dépot économique n'a été localisé.
Principales sources: Le Mémorial Calédonien, tomes 1,2,3 - Carte géologique de NC (BRGM) - communication de C. Tessarollo sur Tiébaghi. Infos personnelles J.J. Espirat.